Le Sri-Lanka a entamé, durant l’année 2021, une révolution de l’agriculture bio pour devenir le premier producteur mondial d’aliments biologiques. Toutefois, il semblerait que les actions entreprises dans ce cadre ont impacté négativement l’industrie théière, tout comme l’économie de l’île.
L’industrie théière mise en péril par l’agriculture bio
En 2021, l’île du Sri-Lanka s’est fixée comme objectif de devenir le numéro 1 en matière de production d’aliments 100 % biologiques. Dans ce cadre, le président Gotabaya Rajapaksa a proclamé l’interdiction de l’utilisation des engrais chimiques. L’importation de ce produit a donc été frappée d’interdiction notamment à cause de la pénurie de devises étrangères. Dans le même temps, il avait promis des subventions pour ce type d’engrais en argumentant que ces produits agrochimiques étaient toxiques pour la population. Cette interdiction fait toutefois l’objet d’une controverse, puisque certains maîtres du thé craignaient qu’elle impacterait la production de camelia sinensis, qui est importante pour l’industrie théière.
Les experts ont craint pour la récolte de thé
Un maître du thé qui faisait partie de la liste de 46 experts sélectionnés pour entreprendre la révolution biologique au Sri-Lanka s’est écarté du projet. En effet, Herman Gunaratne, un cultivateur de « White Virgin », l’un des produits les plus coûteux du monde, a déclaré ne pas être en phase avec le projet. Il redoutait également que l’interdiction des engrais chimique ne réduise de moitié la récolte annuelle de ce thé noir. Cet expert précise par ailleurs que cette décision pourrait avoir des conséquences désastreuses sur l’économie de l’île. Le passage au 100 % biologique engendrerait selon lui, non seulement de perdre la moitié de la récolte, mais en plus, les prix eux, n’augmenteront pas pour autant de 50 % !
Le passage au biologique a été une catastrophe pour l’économie
La décision de favoriser une agriculture bio à 100% fut désastreuse pour les agriculteurs. Les producteurs de thé notamment ont été obligés de se passer d’engrais chimiques et ce, sans avoir d’alternative. Dans la mesure où ce secteur représente 28% des actifs du pays, le marché agricole a subi une baisse de 20% dès les premiers mois. Résultat : une grogne des paysans, qui a obligé le gouvernement à rétropédaler au mois d’octobre 2021. Toutefois, les agriculteurs continuent de subir les conséquences de cette décision et ce même, si les engrais chimiques ont pu être réutilisés.
Depuis cette fameuse révolution, le cours des engrais chimiques a augmenté de 25% ce qui a contribué à la fragilisation du secteur du thé. Au total, ce domaine a subi au total une perte de 425 millions de dollars.
Une catastrophe économique pour le Sri-Lanka
Le pays continue aujourd’hui de subir les conséquences de cet échec. Certains médias étrangers qualifient d’ailleurs cette expérience de « catastrophe » pour l’île, qui a creusé sa dette à cause de l’interdiction des engrais chimiques et des pesticides. Les universitaires sri-lankais ont pourtant prévenu d’une baisse certaine du rendement à 50% avant même que le projet de passer au 100% n’a été décidé. De plus, ces experts avaient également prédit que les conditions de vie des agriculteurs se dégraderaient considérablement à cause d’une reforme mal étudiée et encore moins préparée.
D’autres experts arguent que la mise en œuvre d’une agriculture bio reste un bon moyen de préserver la santé de la population. Dans de nombreuses régions, beaucoup souffrent déjà de maladies rénales chroniques à cause de l’engrais chimique. Toutefois, pour que cette méthode de culture biologique ne fasse pas dégringoler les récoltes de thé, il faudrait un passage graduel et échelonné dans le temps.